Publication

20 ans, le plus bel âge vraiment ?

20 ans, le plus bel âge vraiment ?
La Courrier de l'UNESCO
juillet-septembre 2021
UNESCO
0000376726

Agnès Bardon

UNESCO

« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. » La phrase de l’écrivain français Paul Nizan (1905-1940) résonne d’un écho singulier, un an après la survenue de la pandémie de Covid-19 et des restrictions de liberté inédites qui l’ont accompagnée. Que signifie en effet avoir 20 ans dans un monde où les déplacements sont entravés, les études distanciées, les relations amoureuses et amicales empêchées, les horizons professionnels brouillés ? À l’âge où se dessine le rapport au monde et aux autres, les moins de 25 ans, qui représentent près de 40 % de la population mondiale, voient leurs rêves sérieusement écornés par la crise sanitaire.

« Les effets de la pandémie sur les jeunes sont systématiques, profonds et disproportionnés. Ils sont particulièrement sévères pour les jeunes femmes, les plus jeunes et les jeunes des pays à faible revenu », s’inquiétait déjà en août 2020 l’Organisation internationale du travail (OIT), dans un rapport intitulé Les jeunes et la Covid-19, impact sur les emplois, l‘éducation, les droits et le bien-être mental. Sans surprise, ce rapport, réalisé auprès de 12 000 jeunes issus de 112 pays, souligne aussi qu’ils sont préoccupés par leur avenir et leur place dans la société.

Il est vrai que les perspectives en termes d’emploi se sont considérablement assombries à mesure que s’éternisait la crise. Si le phénomène touche l’ensemble des salariés dans le monde, les 18-25 ans ont été plus durement frappés que leurs aînés sur le plan économique. D’après des chiffres publiés par l’OIT en janvier 2021, la perte d’emploi causée par la pandémie au niveau mondial est de 3,7 % pour les adultes mais elle s’élève à 8,7 % pour les jeunes, soit près du triple.

Cette situation anxiogène, conjuguée au sentiment d’isolement, à la précarité, à l’absence de perspective à court terme, met la santé psychique des moins de 25 ans à rude épreuve. En Amérique latine et dans les Caraïbes, plus d’un quart d’entre eux disent éprouver de l’anxiété et 15 % se sentent dépressifs (U-Report d’UNICEF).

Celle qu’on appelait la « génération Z », avant la crise, restera-t-elle alors comme la génération sacrifiée ? Pas si sûr. S’il est prématuré d’envisager les effets de la pandémie sur la vie des plus jeunes, il apparaît déjà que, malgré les contraintes imposées par la vie sous pandémie, ces derniers font preuve d’une réelle résilience. Partout, ils ont été à l’origine d’initiatives visant à apporter des réponses à la crise, faire face à l’urgence, lutter contre la désinformation ou encore organiser la solidarité, comme l’a reflété la campagne de l’UNESCO Mon histoire Covid-19 (#YouthOfUNESCO), lancée en avril 2020.

Marqueurs incontestables de cette génération hyperconnectée, les réseaux sociaux et Internet ont permis pendant cette épreuve à ces « enfants du numérique » de créer du lien, de faire entendre leur voix et de servir de caisse de résonance à leurs colères, leurs frustrations, mais aussi à leur créativité et leurs engagements, notamment la défense de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique, qui arrivent en tête de leurs préoccupations, avec la lutte contre les discriminations raciales et sexistes.

Il est certes trop tôt pour faire la part entre les changements induits par la crise et les tendances déjà à l’œuvre, mais en revendiquant un monde plus juste et plus respectueux de l’environnement, les jeunes d’aujourd’hui ont depuis longtemps déjà un pied dans le « monde d’après ».

20 ans, le plus bel âge vraiment ?
UNESCO
avril-juin 2021
UNESCO
0000376726
订阅《信使》

Abonnez-vous