The Anonymous Project

Histoire

Nos vies en Technicolor

Elles nous sont à la fois étrangères et familières. Ce sont des photos d’avant l’ère du numérique et des selfies, d’avant Instagram. De leurs couleurs vintage et du grain argentique sourd un curieux parfum d’innocence, de mélancolie aussi. Les protagonistes n’ont pas de nom. On ne sait rien d’eux ni de celui – ou celle – qui a fixé un jour sur pellicule ces scènes de vie ordinaire. Tout juste connaît-on le pays d’origine et l’année (dans la série présentée ici, des images prises aux États-Unis et au Royaume-Uni entre les années 1950 et 1970).

Pourtant, l’enfant barbouillé de crème glacée, le grand-père assoupi dans son fauteuil, la jeune fille en bonnet de bain sur la plage pourraient être nos proches. Nous ne les avons jamais vus, mais nous les reconnaissons. Ils pourraient figurer dans l’un de ces albums que chaque famille réalisait, il y a quelques années encore, pour consigner les souvenirs de fêtes d’anniversaire, de bébés rieurs ou de pique-nique au bord de la route.

« The Anonymous Project » a été lancé par le réalisateur britannique Lee Shulman. Depuis 2017, il collectionne des pellicules et des diapositives prises par des inconnus du monde entier et en expose des morceaux choisis à Londres, New York, Paris ou encore Séoul. Beaucoup de clichés datent des années 1950 et 1960, période de la démocratisation de la photographie couleur. Soigneusement conservés, ils ont fini par devenir orphelins à mesure que leurs protagonistes disparaissaient.

Privés de leur sens premier – étayer la mémoire intime –, ils livrent à notre regard une émotion, une fantaisie et une force esthétique inattendues. Ce n’est pas un hasard si des grands noms de la photographie se sont saisis de ces archives, à l’image du Britannique Martin Parr qui, dans le livre Déjà View, fait dialoguer ses images avec celles du fonds de Lee Shulman, brouillant la distinction entre photographies d’amateurs et de professionnels. Reflet de nos mémoires singulières, les photographies du fonds Anonymous Project constituent aussi une plongée dans la mémoire collective, dont elles documentent l’avènement de la société de consommation de l’après-guerre.

The Anonymous Project
États-Unis, 1962
The Anonymous Project
Royaume-Uni, 1958
The Anonymous Project
États-Unis, 1954
The Anonymous Project
États-Unis, 1956
The Anonymous Project
États-Unis, 1957
The Anonymous Project
États-Unis, 1960
The Anonymous Project
États-Unis, 1967
The Anonymous Project
Royaume-Uni, 1970
The Anonymous Project
Royaume-Uni, 1969 (à gauche) - États-Unis, 1959 (à droite)
The Anonymous Project
États-Unis, 1970
The Anonymous Project
Royaume-Uni, 1970
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